Conférence donnée dans le cadre du Nouveau Festival du Centre Pompidou, le 10 mars 2012.
Retrouver sur le site du Centre Pompidou.
Passé dans le langage courant, le mot de « loser » suggère une relation précise entre individus et société : celle-ci serait un vaste jeu à somme nulle, où gains et pertes s’équilibrent ; ceux-là seraient, selon leurs qualités naturelles et la force de leur volonté, gagnants ou perdants dans l’âme, voués de toute éternité à voler de victoire en victoire ou à s’enfoncer, au contraire, dans des défaites chaque fois plus dures. Mais comment devient-on un perdant ? Et que voit-on d’un jeu, lorsqu’on y perd ? En se donnant pour slogan « It’s all in the game », la série américaine The Wire apporte un éclairage précieux sur ces questions : bien plus qu’une énième variation sur la métaphore du jeu social, elle porte à considérer celui-ci du point de vue des perdants, décrit leurs itinéraires, leur expérience, leurs ruses et leurs acharnements. Si la défaite est sans monument, elle n’est pas sans histoire : on voudrait ici revenir sur les manières de raconter l’échec.
MPB